SURVOL HEBDO 42/2010 - 18 au 24 octobre
La crise politique
* Campagne pour le référendum du 17 novembre
: Monja Roindefo, ex-PM de la HAT, appelle au boycott. Il se montre
très critique à l’encontre du régime et met en doute la crédibilité de
la CENI pour l’organisation des scrutins. Il dénonce l’entourage du
président de la HAT, l’insécurité omniprésente et les choix du pouvoir
concernant les grands projets d’infrastructures. Les partisans du « Non »
sont inaudibles car dépourvus de moyens. Ils redoutent de s’exprimer
Seule l’association ultranationaliste Otrikafo est parvenue à créer un
comité de soutien au « Non ». Le MDM de Pierrot Rajaonarivelo réclame le
report du référendum. Il dénonce les conditions dans lesquelles les
préparatifs s'effectuent et met lui aussi en doute la crédibilité des
prochaines consultations. Le parti Vert ne donnera pas de consigne de
vote mais il redoute une dérive « plébiscitaire » parmi les populations
sous-informées. Le Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) dénonce
les révisions apportées par le gouvernement au projet de Constitution :
elles remettraient en cause les propositions du Syndicat de la
Magistrature (SMM) en faveur de l’indépendance de la Justice.± Andry
Rajoelina annonce une baisse des prix des PPN. 15 produits de base
seront vendus à des prix bradés en plusieurs points de la capitale.
L’opération n’est pas limitée dans le temps et devrait être étendue au
sud-ouest, en proie à la famine. « Il n’est pas question de politique
politicienne derrière le projet », a-t-on assuré. Après les stades et
les hôpitaux, les PPN. Andry Rajoelina renforce ainsi sa présence sur le
terrain en s’investissant dans des projets sociaux. Une opération
électoraliste et « douteuse » pour l’opposition. Le lancement de
l’opération a donné lieu à une grande manifestation médiatique au
gymnase de Mahamasina.
* Préparation des municipales anticipées du 20 décembre
: les maires sont divisés sur la conduite à tenir. Un groupe de 200
d’entre s’est constitué en amicale pour peser sur le débat politique et
s’opposer aux nouveaux textes qui imposent à ceux qui souhaitent se
représenter de démissionner 2 mois avant.
* Démarrage des travaux du Parlement de la Transition
: l’Escopol a fait part de son mécontentement au sujet de la
désignation de ses représentants au Congrès. La liste initiale de ses
candidats aurait été subtilisée et le mouvement se retrouverait en
minorité. Le CST a procédé à l’élection des membres de ses 15
commissions (5 de plus que sous la HAT). Alain Ramaroson, personnalité
influente de la HAT, retrouve la commission « Sécurité ». La commission «
Réconciliation nationale » échoit à un membre dissident du Tim mais la
compétence du Parlement de la Transition à trancher sur le sujet est
mise en question par la vice-présidente du CST, du fait que ses membres
sont tous désignés et non élus. Les prétendants à l'amnistie risquent
ainsi d'être privés de leur droit à se présenter aux communales. Ils
seraient au nombre d’environ 500, pour des affaires portant sur la
période 2002-2008. Ils entendent s’organiser.
* Le gouvernemental d’union nationale attendra.
Il n'y aura pas de remaniement avant le référendum constitutionnel, en
dépit de la résolution adoptée à la « Conférence nationale ». Le statu
quo à l’avantage de ne pas remettre sur le tapis la question sensible
des clés de répartition au sein de la nouvelle équipe, qui n‘a pas été
définie. L’annonce du prochain retour de Didier Ratsiraka, qui a été
précédé par son ex-Premier ministre, Tantely Andrianarivo, laisse
d’ailleurs présager un bouleversement du paysage politique, déjà
fortement impacté par l’installation du Parlement de la Transition. Des
reclassements se dessinent, qui peuvent favoriser une sortie de crise
plus consensuelle. Selon LOI, Paris serait désormais favorable à une
candidature Andrianarivo à la présidentielle.
* La CNOSC poursuit son projet de réunir à nouveau les 4 mouvances et toutes les sensibilités.
Une condition qu’elle juge incontournable pour aboutir à la
reconnaissance internationale. De nombreuses formations politiques, un
groupe de « Sages » élargi et des entités religieuses y seraient
favorables. Les « Tangalamena » [notables] de tout Madagascar vont
organiser des rencontres afin, disent-ils, d’apporter leur appui aux
efforts de résolution de la crise. Andry Rajoelina et Roland Ratsiraka
ont fait savoir qu’ils ne sont pas partant pour un nouveau round de
négociations. Les chances de la CNOSC sont minces, admettent les
principaux intéressés, qui estiment que la réussite de cette nouvelle
médiation malgacho-malgache est conditionnée par une prise de conscience
des souffrances que font endurer aux Malgaches Rajoelina et
Ravalomanana. « À partir de là, ils pourraient accepter de lâcher du
lest en cherchant un terrain d'entente pour gérer la Transition avec des
leaders représentatifs anciens et nouveaux ». A défaut, le CNOSC
redoute que le pouvoir « file à toute vitesse vers une direction dont
les conséquences imprévisibles pourraient être fatales», notamment s’il
applique sans discernement les résolutions de la « Conférence nationale
», dont l’adoption aurait donné lieu à des manipulations.
* La médiation internationale ne renonce pas.
La Sadc suit l’évolution de la situation et encouragerait les
initiatives de la CNOSC mais aucune date n’est encore avancée pour une
reprise éventuelle des négociations. L’OIF annonce une réunion du GIC à
Addis-Abeba. L’Onu a envoyé deux représentants pour s'enquérir de
l'évolution de la situation. Le calendrier et le processus présenté par
la HAT n’aurait pas convaincu les émissaires, dont la position semble
être en phase avec celles de la Sadc.
* Affaire des « bombes artisanales »
: procès renvoyé. Raharinaivo Andrianantoandro, ancien président
(dissident) du Tim, élu récemment président du Congrès, figure en
première ligne des personnes mises en cause, avec d’autres personnalités
de sa mouvance. 31 des 48 accusés ont répondu à la convocation. À
l'issue de l'audience, 14 des 18 accusés ont obtenu la liberté
provisoire. Me Lala Noro Rabemananjara, avocate de Manandafy
Rakotonirina, est du nombre, après 13 mois de détention préventive.
L’audience a donné lieu à des manifestations d’opposants et à des
débordements. Les manifestants ont empêché Fetison Andrianirina et Yves
Aimé Rakotoarison de se présenter à la barre. Fetison Rakoto
Andrianirina et Lalatiana Ravololomanana ont été convoqués le lendemain à
la gendarmerie pour « s’expliquer » sur les troubles qui leurs sont
imputés. Ils réclament l’attribution d’un espace public de libre
expression et ont entamé de démarches en ce sens. Interdites de
manifestation au centre-ville, les 3 mouvances se sont rabattues sur un
culte de prière à la Nation organisé par des ecclésiastiques Fjkm dans
un lieu excentré. Le GTT international, proche de la mouvance
Ravalomanana, est mis en cause pour une « tentative de déstabilisation
». Des recrutements d’anciens militaires malgaches se dérouleraient en
France pour fomenter des troubles à Madagascar.
* Affaire de la tentative d'attaque contre la primature
: le procès est renvoyé. La justice demande la comparution de deux
gradés en fuite, accusés de tentative de coup d’Etat. Les 21 détenus de
cette affaire restent incarcérés, ils n’ont pas obtenu de liberté
provisoire.
* L'ancien ministre des TIC, Iharizaka Rahaingoson, interdit de sortie du territoire.
Le benjamin du gouvernement Vital qui a démissionné le 17 août, a été
refoulé à l’embarquement pour Paris, pour des motifs qui ne lui ont pas
été communiqués. Il avait mis en cause le pouvoir pour sa gestion opaque
du dossier des télécom et son parti pris supposé en faveur de
l’entreprise Telma (DTS). Le pouvoir redouterait une candidature de ce
brillant technicien aux municipales à Antananarivo. Son interdiction de
sortie a toutefois été levée peu après.
* Ouverture du Sommet de la francophonie
: « Les coups d'Etat et francophonie sont désormais incompatibles »,
déclare la présidente de la Confédération suisse, qui s’est félicitée
des engagements pris en ce sens en 2000 à Bamako. Elle a appelé « à une
restauration rapide de l'Etat de droit dans les pays suspendus » de
l'OIF (Guinée et Madagascar). Le PM du Québec a souligné quant à lui
qu'il fallait faire preuve de patience envers les pays peu soucieux de
démocratie et de défense des droits humains.
Droits humains, gouvernance
* Projet de Constitution : absence de référence à la Charte africaine des Droits de l’Homme.
Elle ne figure ni dans le préambule ni dans le corps du projet soumis à
référendum. Des analystes s’interrogent sur la signification de cette «
omission », alors que cette référence figurait dans la Loi fondamentale
antérieure. Cette absence signifie-t-elle que le pouvoir renie son
appartenance à l’UA ?, s’interrogent des analystes.
* Liberté de presse : Madagascar remonte dans le classement de RSF.
La tension étant retombée d'un cran, le pays regagne des places mais
reste cependant au 116ème rang du classement mondial. « Les autorités de
la Transition doivent montrer davantage de respect pour la presse en
cessant d'emprisonner des journalistes comme ceux de Radio Fahazavana ou
de suspendre des médias », a déclaré RSF. En 2009, la Grande Ile avait
perdu 40 places et se situait au 134ème rang.
* Centre d’assistance juridique et d’action citoyenne (Cajac) :
le Centre a reçu 95 doléances depuis son ouverture en d’août, dont 40%
portent sur des affaires de corruption. La Justice arrive en tête des
doléances. Le Cajac a pour mission d’assister et d’orienter les
personnes victimes ou témoins de corruption. Il fait partie des 5
centres mis en place cette année par Transparency International dans les
pays francophones, avec le soutien de l’UE.
* Les communes sous contrôle du Bianco.
Renouvellement d’un accord de coopération entre l’organisme
anti-corruption et le Fonds du Développement Local (FDL). Les communes
font partie des organismes les plus visés par les plaintes. « Nous
savons tous que le FDL consacre beaucoup d'argent pour le bon
fonctionnement des communes à travers le pays. Il se peut que certains
soient tentés de faire des détournements de fonds » a annoncé le DG du
Bianco.
Actualité économique et sociale
* Pour le FMI, l'Afrique est repartie, Madagascar fait exception.
Le continent, et notamment l’Afrique subsaharienne, devrait enregistrer
une forte croissance en 2010, encore supérieure en 2011. Les seules
économies « à la traine » sont Madagascar et la Guinée équatoriale.
* Plantation à grande échelle de palmiers à huile
: 2 projets sont en attente d’approbation. Il s’agit de projets déposés
par la société américaine Sithe Global (60.000 ha destinés à la
production de biodiesel) et par la société malgache Cultures du Cap Est,
financée par un groupe indien (9.100 ha).
* L’Iran souhaite coopérer avec Madagascar.
Il affirme sa disposition à aider la Grande île dans la localisation de
ses ressources minières et serait intéressée par l’uranium malgache. La
diplomatie iranienne a pris ouvertement position en faveur du nouveau
régime.
* Madagascar, le pays le plus vulnérable face au péril climatique dans les 30 ans à venir,
après le Bangladesh et l’Inde. Le « palmarès » a été établi par un
cabinet britannique d’analyse des risques. 170 pays ont été passés au
crible de 42 indicateurs.
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