SURVOL HEBDO 21/2010 - 23 au 30 mai
Survol hebdomadaire de la presse malgache francophone
La crise politique
Remaniement
ministériel, après 3 mois de difficile gestation. Une équipe
pléthorique, à dominante technique où les militaires sont minoritaires.
Une ouverture limitée. 10 nouveaux ministres font leur entrée, dont 5
militaires. Tous les ministres reconduits font partie des sympathisants
du pouvoir. La plupart des ministres remplacés sont ceux du premier
gouvernement d'ouverture de septembre 2009. L’opposition est déçue, elle
estime que ce n’est pas le « gouvernement d’union » espéré qui pourrait
ouvrir la voie à la reconnaissance internationale. La «neutralité»
imprimée à la nouvelle équipe s'apparente à un message fort contre le
processus consensuel et inclusif de la transition consacré à Maputo et
Addis-Abeba. Le régime a tenté en vain de mettre en place un schéma
d’ouverture aux forces de l’opposition, puis un gouvernement
militaro-civil de salut public. Il doit se contenter d’un remaniement.
Plus de 50 ministres se sont succédé en 15 mois. Depuis le coup d’Etat
de mars 2009, Andry Rajoelina a procédé à la nomination de 4 Premiers
ministres et de 120 ministres dans 4 gouvernements. Limogées,
reconduites ou remplacées, ce sont 51 personnes qui ont pris part à
l’exécutif en 15 mois de transition.
Suites des affrontements meurtriers de Fort
Duchesne. De hauts gradés ont condamné la méthode forte
employée par le forces armées et la FIS pour venir à bout de la
mutinerie de la FIGN. 23 personnes ont été incarcérées, dont le
lieutenant-colonel Raymond Randrianjafy, et l’enquête s’oriente vers des
personnalités politiques, dont certaines sont suspectées d’avoir «
motivé » financièrement les mutins. Des éléments de la FIGN, en fuite,
sont activement recherchés. L’un d’eux est l’ancien garde du corps de
Lalao Ravalomanana, épouse du président déchu. En application du code
pénal malgache, les inculpés risquent la peine de mort.
Le Bianco
déclare avoir accompli sa mission concernant l’enquête sur les primes
remises par Marc Ravalomanana à la gendarmerie et décembre 2008, qui
auraient été détournés par de hauts gradés, mais les enquêtes
judiciaires sont au point mort. L’organisme se dit préoccupé par la
recrudescence des pratiques de corruption : « Certains financements
seraient liés à des actes visant à porter atteinte à l’ordre public. De
telles démarches mettent en danger la paix sociale et l’unité de la
Nation », déclare-t-il
Suite à la fermeture de radio Fahazavana, 10 employés (dont 6
journalistes) ont été incarcérés. Ils sont poursuivis pour
atteinte à la sûreté intérieure de l'État. La fermeté observée surprend
les observateurs : deux ministres sortants du précédent gouvernement
s’étaient engagés à faire preuve de modération à leur égard. Le
président de la Fjkm condamne les entraves à la liberté d’opinion, le
tir mortel sur l’un de ses pasteurs, l'arrestation d'un autre, ainsi que
la fermeture définitive de la radio et la détention de ses journalistes
et techniciens. Il fait état du soutien de plusieurs Eglises
étrangères. Le « Mouvement des ecclésiastiques » (HMF), qui avait
conduit à la jonction avec les mutins de la FIGN, n’entend pas
renoncer. « Nous allons lutter jusqu’à ce que la volonté de Dieu règne
dans le pays», assure-t-l. Il lance un appel à la communauté
internationale. Le Collectif des journalistes se mobilise et est reçu en
audience par des représentations diplomatiques.
Ambroise
Ravonison, leader « légaliste » incarcéré aurait subi de mauvais
traitements. Suite aux violences subies lors de l’intervention «
musclée » d’éléments civils armés à la radio Fréquence Plus, il
présenterait « des signes de traumatismes cranio-facial et de
traumatismes corporels multiples », selon le médecin de la prison. Son
état se santé serait préoccupant.
Une nouvelle Coalition
des Organisations de la Société Civile (COSC) s’est vue confiée
l’organisation du « Dialogue national » dont la date a été reportée.
Il pourrait se tenir avant la fête nationale du 26 juin. Le COSC
s’appuie sur un comité de « dignitaires ». Une initiative perçue par
certains comme pilotée par la HAT pour faire prévaloir une solution
malgacho-malgache et « saboter » toute tentative d’un second round de
négociations à Pretoria, auquel la communauté internationale et la Sadc
n’ont pas renoncé. Parmi la douzaine d’associations regroupées, on note
la présence de Justice et Paix, du SeFaFi et du Kmf/Cnoe. Des
observateurs s’interrogent sur la représentativité de ces dignitaires,
leur « opportunisme » et leur indépendance vis-à-vis du pouvoir. Les 3
mouvances refusent ce nouveau plan de la HAT. La conférence épiscopale
catholique est favorable à un dialogue malgacho-malgache et semble
vouloir rallier la COCS, tout en prenant soin de ne pas afficher de
préférence politique.
Désignation des 9 membres du Comité
Consultatif Constitutionnel (CCC) chargé de rédiger l’avant-projet de
texte sur la Loi fondamentale. Il ne dispose que d’une semaine
pour collecter les propositions à soumettre au « Dialogue national ». Il
devra prendre en compte les propositions émises depuis aux Assises
nationales d’avril 2009, aux Conférences régionales de mai-juin 2009 et
aux Assises d’Ivato, en mars. 3 membres du CCC appartiennent à la
diaspora et certains observateurs entrevoient dans ces nominations
l’influence française. Aucun des 9 membres ne serait un
constitutionnaliste confirmé.
Andry Rajoelina n’est pas
invité au Sommet France-Afrique de Nice du 31 mai. La Sadc se
serait opposée à ce que Madagascar soit représenté par le Premier
ministre Camille Vital.
Droits humains,
gouvernance
Publication du rapport
annuel d’Amnesty international, dont 2 pages sont consacrées
cette année à Madagascar.
Société civile pro-Maputo.
Mobilisation pour arrêter le cycle de la violence. Une dizaine
d’associations, dont la PFNOSCM et le CCOC, ont lancé un appel en ce
sens à toutes les forces vives de la Nation. « En tant qu’organisations
de la société civile gardiennes du respect des droits fondamentaux, nous
ne pouvons demeurer silencieux devant l’escalade de la violence et la
reprise de la répression » disent-elles. Elles déclinent ensuite les
différents aspects des violations des droits de l’homme qui ont marqué
la période récente.
Insécurité alimentaire : 900.000
personnes menacées dans le Sud. Le Système d’Alerte Précoce a
annoncé que 65 communes seront en difficulté alimentaire dans les mois à
venir. L’USAID va consacrer 1,5 million de dollars à l’accès à l’eau
potable. Le programme du PAM « Vivre Contre Travail « (VCT) a permis à
250.000 personnes d’obtenir une couverture nutritionnelle correcte. 80%
des besoins du PAM ne sont pas encore couverts,
Actualité
économique et sociale
Microfinance -
Des clients fuient les institutions. Le ralentissement des
activités dû à la crise s'est fortement répercuté sur la capacité des
clients à honorer leurs engagements. Selon les institutions, de 10 à 40%
des dossiers sont concernés par des retards ou des cessations de
remboursement. Ne pouvant plus rembourser, des membres ont disparu.
Une
nouvelle plainte déposée au Tribunal de première instance de Toamasina
contre le groupe Tiko. La société de l’ancien président
n’aurait pas réglé à la Société du port à gestion autonome de Toamasina
la location d’un terrain occupé depuis 2007 par la minoterie Mama.
L’arriéré s’élèverait à 11 milliards Ar.
Gisement de fer
de Soalala. Le consortium chinois Wisco obtient un permis de recherche.
Il vient de verser son droit de mise à disposition (100 millions de
dollars). Une manne financière importante qui arrive à point
nommé pour le régime de Transition, à la recherche de fonds pour
organiser les élections. Le projet représente plus de 8 milliards de
dollars d’investissements. Les recherches, pour un montant de 2
milliards, dureront 3 ans. 100.000 créations d’emplois [sic !] seraient
attendues à terme. L’Etat pour sa part, entend toucher à titre d’impôts
sur les bénéfices 600 millions de dollars et 228 millions de redevances.
Soalala est devenu le plus grand projet minier jamais lancé à
Madagascar. « Le gouvernement est en passe de tenir son pari : trouver
des sources de financement indépendantes des sources traditionnelles que
sont les bailleurs de fonds », assure un communiqué de la HAT. Certains
crient à la corruption dans cette affaire, initiée sous le régime
Ravalomanana. Les questions environnementales ont été passées sous
silence. Le parti des Verts estime que la Transition aurait dû attendre
l’aval du futur Parlement avant d’engager le pays dans un contrat
d’envergure. Cette signature crée un certain malaise dans le monde des
affaires comme dans la sphère diplomatique.
Par ailleurs, 80 % des
dettes malgaches envers la République d'Irak, soit 187,6 millions de
dollars sur 234,5 millions, ont été annulés.
La Banque
mondiale accusée de favoriser l’accaparement des terres africaines par
des groupes étrangers. Selon Ouestafnews, « Un rapport
accablant, produit par un « Think tank » américain a accusé la SFI de
faciliter « l’accaparement des terres » en Afrique par des groupes
privés étrangers ». Le rapport passe en revue les réformes foncières
dans près d’une trentaine de pays, dont près d’une vingtaine en Afrique
et à Madagascar.
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