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JUSTICE ET DROITS DE L'HOMME A MADAGASCAR (2)
JUSTICE ET DROITS DE L'HOMME A MADAGASCAR (2)
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9 mai 2010

SURVOL HEBDO 18/2010 - 3 au 9 mai

Madagascar : Survol hebdomadaire de presse francophone du 3 au 9 mai 2010 – Semaine 18
Remarque : C’est nouveau. Ce survol est le 1er  du blog JUSTICE ET DROITS DE L’HOMME A MADAGASCAR.
Télécharger : - Survol Hebdo 2010 Semaine 18 - 02-09 mai

La crise politique

Echec de la rencontre de Pretoria entre les deux principaux protagonistes de la crise. Andry Rajoelina
s’en tient aux grandes lignes d’un «protocole d’accord» suggéré par la France, Marc Ravalomanana soumet
un projet de protocole d’accord amendé qui lui accorderait l’amnistie, lui garantirait le retour au pays et la
participation aux futures présidentielles. Les deux autres anciens présidents continuent de vouloir faire
référence aux Accords de Maputo et d’Addis-Abeba. Le désaccord porte également sur la nature des
élections à organiser en priorité (législatives ou  présidentielles). Les délégations se sont quittées  sur un
engagement de poursuivre les rencontres sous quinzaine, à l’initiative de Joachim Chissano. 

Dès son retour à Antananarivo, Andry Rajoelina fait savoir qu’il était opposé à un second round de
négociations et qu’il entend accélérer son processus de transition vers le IVème République. Il annonce se
donner 2 jours pour constituer un gouvernement d’union faisant une large place aux forces armées. Celles-ci
lui avaient intimé l’ordre, mi-avril, de présenter  avant la fin du mois un plan de sortie de crise crédible
permettant l’obtention de la reconnaissance internationale et la reprise des aides des bailleurs de fonds
traditionnels, notamment de l’Union européenne sur  le point de confirmer la suspension de ses appuis
budgétaires prévus dans le cadre du FED.
La diplomatie française, décriée par les opposants à la HAT pour son « activisme » et son lobbying lors des
rencontres de Pretoria, continue officiellement de  militer pour un hypothétique nouveau round de
discussions. 

Les forces armées accueillent avec circonspection le plan de sortie de crise présenté par Andry
Rajoelina, reposant sur la constitution d’un gouvernement militaro-civil de « salut public » (le « plan
B »). Elles auraient exigé de la HAT un certain nombre  de garanties et posé des conditions. Les hauts
gradés se montrent d’autant plus prudents qu’ils ont à gérer la rébellion larvée de jeunes sous-officiers
remuants (notamment au sein de la FIGN), qui rejettent une compromission des forces armées avec le
pouvoir de transition, se disant soucieux de préserver leur neutralité et de continuer à se porter garants de
l’unité nationale. Des manifestations publiques d’indiscipline encouragées par les mouvances opposées à la
poursuite de l’unilatéralisme du pouvoir de transition. Le malaise persistant au sein de la FIGN (dont l’origine
remonte à l’affaire de corruption supposée des troupes par Marc Ravalomanana et de détournement de ces
fonds par les hauts gradés) entretient des rumeurs de coup de force. Des sanctions sont annoncées.

Au terme d’une période confuse d’intenses tractations, les forces armées ont confirmé leur refus
d’être associées en tant que telles au processus de transition, mais elles laissent toute liberté à leurs
membres de répondre favorablement à des sollicitations individuelles. Ce retrait des forces armées
s’accompagne d’un abandon de fait de l’ultimatum posé à la HAT mi-avril.

Après la décision de retrait des forces armées, Andry Rajoelina a entamé le 6 mai une large
consultation des forces politiques qui ont manifesté leur volonté de participer au processus transitoire.
Des personnalités de la mouvance Ravalomanana ont pris part à titre personnel à ces rencontres, pour
proposer la réhabilitation de l’Assemblée Nationale et du Sénat, suspendus le 19 mars 2009. Ces
assemblées, dont la composition devrait être élargies dans un souci d’inclusivité, pourraient se voir confiée
la gestion de la transition. L’initiative a été sanctionnée par une exclusion du parti.
Ces consultations, outre la constitution d’un nouveau gouvernement,  ont pour objet de préparer un
« nième » « Dialogue politique » à tenir avant la fin du mois et devant déboucher sur  un projet de
Constitution à soumettre à référendum le 12 août, selon le nouveau calendrier électoral défini par la HAT.
Le référendum constitutionnel se placerait donc désormais avant les législatives. Un comité d’experts  (à
désigner) ne disposerait que de quelques jours pour boucler la rédaction du texte. Cette précipitation est
analysée comme le moyen de contrecarrer le projet de nouveau rendez-vous des chefs de file. Justice et Droits de l’Homme à Madagascar - http://justmad.canalblog.com/
Pour plus de détails, se reporter à la revue de presse mensuelle et aux « articles remarqués » du mois.

Droits humains, gouvernance

Le ministre de la Sécurité intérieure réfute la rumeur selon laquelle les forces de l'ordre commettent
des exécutions sommaires. Ces dénégations font référence à de graves « bavures » qui ont fait
récemment la une des quotidiens.

Des enseignants-chercheurs condamnant l’usage de la force contre les étudiants de l’université
d’Antsiranana. La manifestation des étudiants qui exigeaient le paiement de leurs bourses a fait un mort et
plusieurs blessés graves. Les autorités sont accusées d’avoir fait preuve de manque de sang-froid et de
discernement en tirant à balles réelles, sans sommations. Les familles de victimes se mobilisent pour
réclamer justice.

Fusillade du 7 février 2009. Le dossier devant la Chambre d’accusation. 19 personnes sont mises en
examen. 16 seraient membres des forces de l’ordre, 2 des civils et le dernier un policier. Un mandat d’arrêt
international a été publié pour 6 inculpés. Andry Rajoelina s’est engagé auprès de l’association des victimes
de faire toute la lumière sur cette affaire et d’accélérer la procédure.

Travail au Liban. La presse continue de faire état, jour après jour, et ce depuis plusieurs mois, des
conditions dramatiques de travail qui sont celles des domestiques expatriées. Des corps sans vie sont
rapatriés au pays, des employées parviennent à rentrer au pays dans un état physique et psychologique
préoccupant.

Liberté de la presse. Selon le rapport annuel de RSF, Madagascar a reculé de 40 places en 2009, passant du 134ème
au 175ème  rang. La presse malgache est victime de la crise mais ses manquements à la déontologie sont aussi en cause.

Le caractère éphémère de la transition favorise l’enrichissement rapide et la « non-redevabilité ». La
presse (y compris de tendance pro-HAT) continue se suspecter les hommes forts du régime et leurs affidés
de profiter de la situation pour s’enrichir et se livrer à divers trafics. L’obligation de déclaration de patrimoine
au Bianco, exigée depuis 2004, est plus que jamais restée lettre morte.

Actualité économique et sociale

Gestion forestière. La corruption facilite les trafics. Une formation, organisée par l'Office National de
l'Intégrité, a permis de cerner l'impact de la corruption sur la gouvernance forestière. Deux institutions
gouvernementales ont été pointées du doigt, comme à l’accoutumé : la justice et la gendarmerie.

Le stock résiduel de bois de rose, l’or rouge de Madagascar, valorisé à 320 millions de dollars, pour
24.000 m3
, et ce, suite aux différents pillages et trafics qui se sont amplifiés à la faveur de la crise politique.
Fait exceptionnel, un journal français de large diffusion, le JDD, publie un article sur le trafic de bois de rose.
Un groupe qui œuvre pour la protection de l'environnement révèle qu’un trafiquant de la région nord-est de
Madagascar a amassé 15 millions de dollars. L’association doit faire face à des adversaires surpuissant et
multiforme, alliant des « barons du bois » sans scrupules, leurs collecteurs, des agents de l'Etat corrompus
et la mafia de Hong Kong.

Prospection pétrolière. 16 compagnies qui effectuent des travaux de prospections dans le cadre de 24
contrats ont participé à un séminaire organisé par  l'Office des mines nationales et de l'industrie stratégique
(Omnis). Une première à Madagascar. Le lancement de nouveaux appels d'offres est en vue, pour l'octroi de
nouveaux blocs pétroliers. 400.000km² du territoire national seraient exploitables. Deux projets sont arrivés
au stade le plus avancé : celui de Total à Bemolanga et de Sunpec à Sakaraha  [Rappel : Sunpec est la
compagnie chinoise dont le père d’Andry Rajoelina a été nommé conseiller].  Le ministre des Mines et
Hydrocarbures annonce un réexamen des contrats déjà signés et une réactualisation du code minier. Le
parti Vert réclame la transparence dans la gestion des exploitations pétrolières. Les Amis de la Terre Europe
dénoncent l'exploitation croissante des sables bitumineux. Le projet de Total à Bemolanga est concerné par
cette mise en garde. 
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